Des orchidées dans le Pays de Caux

Je crains que les orchidées qui sont, et de loin, les plus belles plantes à fleurs au monde, restent encore trop ignorées. On sait surtout qu’il en pousse de magnifiques chez le fleuriste du coin et qu’elles proviennent de pays exotiques que l’on n’imagine à peine exister. Ces lieux enchantés correspondent aux régions essentiellement tropicales. C’est là, en effet, que croît la grande majorité de ces végétaux prodigieux. La vanille, découverte en 1519 lors de la conquête du Mexique par les Espagnols, est peut-être l’orchidée la plus « connue » (mais on ignore souvent qu’il s’agit d’une orchidée…).

Les orchidées tropicales sont sublimes par leurs formes (les fleurs ressemblent à des papillons géants, à des cloches, à des sabots11.Etc., la liste serait sans fin… Les feuilles, également, peuvent étonner ; le genre Scuticaria comprend des espèces aux feuilles longues et pendantes, évoquant des fouets (scutica en latin)., ou évoquent des visages, de vampire ou de lutin), leurs coloris ou leurs odeurs parfois entêtantes. Les Chinois furent, semble-t-il, les premiers à porter un culte aux orchidées. Culte éminemment symbolique, tel celui entretenu par Confucius (vers 500 av. J.-C.), pour qui les « lan » incarnaient le raffinement, l’élégance pure, le plus haut point symbolique que l’espèce humaine puisse atteindre. Plus tard, au Japon, les orchidées furent très cultivées dans les contes et légendes. On racontait ainsi qu’une espèce signifiait « Treize Grands Trésors », parce que « la femme d’un empereur, longtemps considérée comme stérile, conçut le premier de ses treize enfants après avoir respiré son parfum somptueux21.Mark Griffiths, Orchidées : De l’horticulture considérée comme un des beaux arts, The Royal horticultural Society, Delachaux et Niestlé, 2002, p. 36. ». Extravagance qualitative donc, mais aussi quantitative, puisque la famille des Orchidaceae est (pour l’instant) la plus vaste en termes d’espèces : près de 25 000 à l’échelle planétaire…

Les orchidées poussent dans presque tous les types de milieux et supportent des conditions climatiques très variées. Si elles préfèrent la combinaison chaleur-humidité, elles détestent la brûlante canicule (on ne connaît pas d’orchidée du Sahara) et « tolèrent » les régions tempérées3Il existe en Asie quelques orchidées naines (hautes de quelques millimètres), devant lesquelles il doit être difficile de se pâmer…. En France, elles sont relativement peu nombreuses (environ 160 espèces) et souvent rares. Elles restent belles, mais d’une beauté singulièrement discrète, « modeste », en comparaison de la plupart des orchidées tropicales. Lorsqu’elles sont odorantes — ce qui est exceptionnel —, c’est pour le meilleur (fragrances de miel ou de vanille) ou pour le pire (odeur de bouc, autrement dit de sueur des pieds4Référence à l’Orchis bouc (Himantoglossum hircinum), espèce peu commune des terrains calcaires. Présence avérée autour de Fécamp.). Par contre, la diversité formelle et chromatique persiste et les stratégies de fécondation valent bien, en inventivité comme en machiavélisme, celles des grandes orchidées exotiques.

Sur la carte de répartition française, les orchidées de Haute-Normandie occupent une zone « moyenne » comprenant entre 33 et 52 espèces5Pierre Jacquet, Une répartition des orchidées sauvages de France, 3e édition mise à jour, S.F.O. éditeur, Paris, 1995. Depuis plus de quinze années, les données n’ont sans doute guère varié, car la liste complète des espèces d’orchidées en France est bouclée depuis longtemps (les chiffres sont peut-être à minorer légèrement en raison de la disparition croissante des végétaux diversement provoquée par l’homme, les orchidées ne faisant pas exception…)., mais le recensement précis fait état d’une cinquantaine d’espèces présentes en Normandie (Haute et Basse-Normandie). Les orchidées, on le sait, font depuis longtemps l’objet de mesures de protection particulièrement suivies. Ne ramassez jamais les orchidées, ne serait-ce que pour vérifier un point troublant d’étymologie6Certaines de ces plantes possèdent en effet, à leur base, deux « tubercules » évoquant beaucoup des testicules. C’est Théophraste (vers 370 av. J.-C. — 287 av. J.-C.), philosophe grec souvent considéré comme le « père de la botanique » qui instaura le nom Orchis, du grec ancien Orkis signifiant « testicule » (Enquête au Pays des Plantes). !

On compte, en Haute-Normandie, une quinzaine d’orchidées « protégées ». Des Petites-Dalles à Fécamp, une seule de ces belles plantes possède ce statut critique7Il s’agit de l’Orchis grenouille (Coeloglossum viride), petite orchidée verdâtre, que l’on peut trouver dans la valleuse d’Élétot.. Il y est possible d’observer une douzaine d’espèces, dans les sous-bois, sur les talus, aux bords des routes, dans les champs humides ou sur les pelouses des falaises. Les sols alcalins sont particulièrement favorables et c’est sur ce type de substrat que l’on peut rencontrer le fameux « Sabot de Vénus » (Cypripedium calceolus), pour beaucoup la plus belle de toutes les orchidées d’Europe. Ce bijou est signalé en forêt d’Eu pour l’année 1803, par un certain Boucher de Crèvecœur, puis par d’autres auteurs. C’est (évidemment) un « crève cœur », mais la magnifique orchidée a disparu depuis longtemps de toute la région normande…

En vous baladant aux Petites-Dalles et dans ses environs, entre le mois d’avril et le mois de juin, vous avez de bonnes chances de croiser l’Orchis pourpre (Orchis purpurea), l’orchidée la plus commune de Normandie. Son labelle8La structure florale plus complexe des orchidées a nécessité la création d’un vocabulaire adapté. Le « labelle » désigne l’un des trois pétales (le médian), extrêmement différencié par sa taille et sa forme, souvent en langue plus ou moins effrangée. Dans le cas de l’Orchis pourpre, il y a même une différence de couleur, puisque les deux pétales latéraux sont pourpres. Ils sont accolés au sépale médian, formant ainsi une sorte de casque. Pour ces questions de morphologie et de terminologie, nous ne pouvons ici que renvoyer aux ouvrages spécialisés, même grand public, comme le Guide des orchidées de France, de F. Dusak, P. Lebas et P. Pernot, paru en 2009 chez Belin. blanc ponctué de mauve, profondément découpé en trois lobes, surmonté d’un « casque » d’un pourpre obscur très contrastant, en fait une orchidée des plus jolies9« Le labelle évoque plus ou moins les bras et la robe d’une femme » (Wikipédia), comparaison heureuse. et très facile à reconnaître. La plupart des orchidées, en France, sont « en fleurs » au printemps ; la floraison s’attarde souvent au début de juillet. Les orchidées automnales voire hivernales sont rarissimes. Quelques-unes s’épanouissent au début de l’hiver dans le Midi de la France. Mais il est une espèce assez répandue, pas seulement dans les départements du sud, qui ne montre pas son inflorescence hélicoïdale aux délicates fleurs blanches avant la mi-août : il s’agit de la Spiranthe d’automne (Spiranthes spiralis) qui affectionne les pelouses plutôt calcaires à herbe rase (elle s’éteint dès que le couvert herbacé devient trop haut). Cette plante possède une niche vers Fécamp et une autre dans la zone de Saint-Valery-en-Caux. Mais concentrons notre attention sur quatre orchidées que je connais bien pour les avoir vues souvent : le commun mais infiniment changeant Orchis à feuilles tachetées (Dactylorhiza maculata), le singulier Orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis), l’imposant Orchis négligé (Dactylorhiza praetermissa) et le très étrange Ophrys abeille (Ophrysapifera).

Dactylorhiza10Ce nom générique vient du fait que les racines (en fait des « tubercules » très amincis) évoquent une main largement ouverte. maculata est une plante répandue dans la presque totalité du territoire. C’est, comme l’on dit, une « banalité », mais sa rencontre ne laisse jamais indifférent. D’une part, c’est une très belle orchidée : élancée, aux fleurs serrées en épi et aux feuilles tachetées de pourpre ; d’autre part, elle semble apparaître chaque fois sous un jour nouveau. J’en connais ainsi une petite troupe (pas plus de quatre ou cinq plants) qui fleurit chaque année11Floraison : de mai à juillet. sur un talus très herbeux, juste au débouché de la « sente des Douaniers », avant la montée non bétonnée de la falaise. Les fleurs sont blanches et ornées de motifs violacés formant des lignes ou des tirets. C’est ce que je me plais à nommer arbitrairement la forme typique, car les Dactylorhiza maculata aux inflorescences roses ou mauves sont considérées par les spécialistes comme tout aussi typiques de l’espèce. Ces « variations continues » (on passe imperceptiblement du blanc pur au rose, puis au lilas et enfin au mauve…) se rencontrent souvent en un même lieu, car il faut savoir que les Dactylorhiza peuvent coloniser des prairies entières, par milliers de spécimens, formant volontiers des hybrides qui découragent les déterminateurs12Cauchemar poétique dont m’a souvent parlé mon ami Patrick Reumaux, auteur d’un récit-promenade (plus que savoureux) à la recherche d’orchidées : Chasses fragiles,un flâneur parmi les herbes, aux éditions Phébus, 1997.… En plus des hybridations, grande spécialité des orchidées — on connaît les hybrides réalisés par les horticulteurs entre les espèces ou les genres tropicaux —, il y a les pures variations indépendantes de la fécondation, ce que l’on appelle les « sous-espèces ». Certaines orchidées possèdent des dizaines de sous-espèces, souvent difficiles à séparer de la forme-type. L’Orchis à feuilles tachetées en compte une douzaine : si l’on ne souhaite que contempler, cela ne fait qu’ajouter à son charme qui réside, comme partout, dans les subtiles modulations de l’expression.

Bien qu’appartenant à des genres différents, l’Orchis pyramidal et l’Orchis négligé13Baptisé ainsi car on la confondait souvent avec d’autres espèces proches. possèdent un « air de famille ». Dès que l’on se concentre sur les détails morphologiques, on comprend que cette ressemblance ne tient qu’à la couleur des fleurs : exactement le même rose purpurin, en vérité très difficile à cerner par les mots14L’Orchis pyramidal possède de rarissimes formes blanches, formes que l’on chercherait en vain chez l’Orchis négligé..

Fig. 1 – Ophrys apifera

Si l’Orchis négligé se rencontre aux Petites-Dalles (il en pousse, autour du mois de juin, de nombreux spécimens sur la falaise d’Amont, juste au-dessus de la « Cabournette »), je ne crois pas y avoir (encore) observé l’Orchis pyramidal (fig. 1), pourtant très commun dans des milieux variés, de préférence calcicoles. Il abonde par exemple dans la valleuse d’Élétot, et je l’ai aperçu à plusieurs reprises parmi les herbes bordant la route sinueuse conduisant à Fécamp. Il croissait chaque fois en compagnie de l’Orchis négligé : les teintes se mêlaient, mais pas les formes, puisque l’Orchis pyramidal est une plante grêle à l’inflorescence assez courte et, comme son nom l’indique, franchement pyramidale (surtout au début de la floraison). Le labelle est profondément trilobé et dépourvu d’ornementation. L’Orchis négligé est au contraire une robuste orchidée, à l’inflorescence « en épi » souvent un peu cylindrique et, comportant un grand nombre de fleurs serrées dont le labelle, discrètement trilobé, est parsemé de pointillés ou de lignes pourpres. Cette orchidée, qui aime particulièrement les lieux humides, est uniquement présente au nord de la Loire. Elle régresse fortement depuis quelques années, au point qu’elle entre aujourd’hui dans la catégorie des espèces « quasi menacées ».

Nous l’avons dit, les orchidées déploient des trésors d’« imagination » en matière de reproduction. Impossible, dans le cadre de cet article, d’énumérer toutes les stratégies recensées, que Charles Darwin appelait volontiers des « manigances »… J’évoquais l’Orchis pyramidal, sa forme, sa couleur, son habitat. Mais je n’ai pas parlé de sa fourberie. Cette orchidée fait en effet partie du groupe dit « leurres nourriciers ». L’idée, ici, est de prendre l’apparence de plantes nourricières — celles qui fournissent à l’insecte les nutriments dont il est friand et dont il s’enduit en visitant la fleur, fécondant ainsi d’autres plantes de la même espèce au cours de ses pérégrinations — alors que l’on n’a rien à donner. Les orchidées possèdent souvent un tube plus ou moins long, prolongeant le labelle, nommé « éperon » ; celui-ci contient en général du nectar que les insectes viennent consommer ; ce faisant, en passant par la « colonne » de la fleur, leur corps se macule de « pollen », qui renferme des masses de graines fertilisantes. Eh bien, l’éperon de l’Orchis pyramidal est vide de tout nectar… La fécondation est assurée par le taux — relativement peu élevé — d’insectes naïfs qui empruntent le chemin menant au fond de l’éperon. Mais, comparée à l’idée prodigieuse des Ophrys, cette stratégie n’est qu’une gentille taquinerie.

Les Ophrys, genre euro-méditerranéen, possèdent un talent d’imitation étonnant : leurs labelles ressemblent, à s’y méprendre, à des abdomens d’insectes (hyménoptères principalement). Selon les espèces, on a d’abord l’impression que des abeilles, des guêpes ou des bourdons sont affairés à butiner une banale plante verte. En se rapprochant, on découvre la supercherie et, tout en admirant les délicats sépales rosâtres de l’orchidée, on ne peut s’empêcher de penser, avec André Dhôtel : « Mais comment l’orchidée sait-elle à quoi ressemble une abeille ? »… Le leurre entier est donc confiné dans le labelle (le pétale médian), qui pousse la perfidie très loin, en se couvrant d’un fin duvet velouté, parfaitement semblable à celui des abdomens d’insectes. Naturellement, pour que la fécondation croisée fonctionne, l’Ophrys doit imiter l’insecte femelle. Ici, raffinement suprême, puisque la plante fabrique, au niveau du labelle-leurre, des substances reproduisant un peu l’odeur des hormones sexuelles. Il n’en faut pas plus pour que les mâles rappliquent et copulent avec le labelle, action nommée « pseudo copulation ». C’est dans l’agitation de cet acte (assez ridicule pour l’insecte…) que le pollen vient se déposer sur divers organes du mâle, qui s’en délestera plus tard sur le stigmate d’un autre plant de l’orchidée conspécifique, en réitérant la frénétique pseudo copulation15Le leurre imitatif existe aussi dans quelques genres d’orchidées tropicales, où il atteint une sorte de perfection, puisque « plusieurs espèces [du genre Bulbophyllum] possèdent des labelles qui ne se contentent pas de se travestir en insectes mais qui simulent également leurs mouvements, se balançant doucement sur des pivots remarquablement équilibrés. » (Orchidées : de l’horticulture considérée comme un des beaux-arts, p. 71).

Fig. 2 – Anacamptis pyramidalis

En France, l’Ophrys abeille (Ophrys apifera), que nous illustrons ici (fig. 2), est sans doute l’espèce la plus répandue. Elle affectionne des milieux variés, au sol préférentiellement calcaire. Pour une orchidée, sa période de floraison est relativement avancée : de fin mai à fin juin en Normandie16De mai à juillet au niveau national.. Je la connais de Fécamp et des Petites-Dalles, où je l’ai observée à plusieurs reprises parmi les herbes hautes bordant le chemin terreux de la falaise d’Aval, dans sa partie montante. Bizarrement, je n’ai toujours rencontré que des plants chétifs, d’une quinzaine de centimètres de haut — l’espèce atteignant normalement les 50 cm — difficiles, par conséquent, à repérer parmi la végétation. Un Ophrys des plus banals, donc ? Loin de là… D’une part, il est pollinisé non par une abeille, mais (le plus souvent) par l’« Eucère à longues antennes » (qui, il est vrai, ressemble assez à l’abeille) ; mais ce ne sont pas les orchidées qui se baptisent elles-mêmes… d’autre part, « pollinisé » certes, mais quand il l’est, ce qui est exceptionnel, car apiferaest la seule espèce d’Ophrys à pratiquer l’autofécondation, c’est-à-dire à se reproduire par le seul jeu des organes mâles (étamine17Nous écrivons le terme au singulier, car toutes les orchidées européennes possèdent à maturité sexuelle une seule étamine (exception : le Sabot de Vénus, qui en a deux)) et femelles (stigmate, ovaire). Le leurre imitatif si sophistiqué apparaît donc presque inutile chez l’Ophrys abeille : qui a dit que la « nature » ne faisait jamais rien en vain ?

En mémoire de mon « maître » en dessin, Pierre Moënne-Loccoz (1923-2010), auteur (entre autres) d’un splendide ouvrage illustré sur les orchidées18Orchidées sauvages des Ardennes, des Savoies, du Var, du Vercors et d’Andalousie, 44 pl. couleurs, éditions SLB, Annecy, 2003..

Je tiens à remercier Marie Fisler pour son aide iconographique.

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    1.Etc., la liste serait sans fin… Les feuilles, également, peuvent étonner ; le genre Scuticaria comprend des espèces aux feuilles longues et pendantes, évoquant des fouets (scutica en latin).
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    1.Mark Griffiths, Orchidées : De l’horticulture considérée comme un des beaux arts, The Royal horticultural Society, Delachaux et Niestlé, 2002, p. 36.
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    Il existe en Asie quelques orchidées naines (hautes de quelques millimètres), devant lesquelles il doit être difficile de se pâmer…
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    Référence à l’Orchis bouc (Himantoglossum hircinum), espèce peu commune des terrains calcaires. Présence avérée autour de Fécamp.
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    Pierre Jacquet, Une répartition des orchidées sauvages de France, 3e édition mise à jour, S.F.O. éditeur, Paris, 1995. Depuis plus de quinze années, les données n’ont sans doute guère varié, car la liste complète des espèces d’orchidées en France est bouclée depuis longtemps (les chiffres sont peut-être à minorer légèrement en raison de la disparition croissante des végétaux diversement provoquée par l’homme, les orchidées ne faisant pas exception…).
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    Certaines de ces plantes possèdent en effet, à leur base, deux « tubercules » évoquant beaucoup des testicules. C’est Théophraste (vers 370 av. J.-C. — 287 av. J.-C.), philosophe grec souvent considéré comme le « père de la botanique » qui instaura le nom Orchis, du grec ancien Orkis signifiant « testicule » (Enquête au Pays des Plantes).
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    Il s’agit de l’Orchis grenouille (Coeloglossum viride), petite orchidée verdâtre, que l’on peut trouver dans la valleuse d’Élétot.
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    La structure florale plus complexe des orchidées a nécessité la création d’un vocabulaire adapté. Le « labelle » désigne l’un des trois pétales (le médian), extrêmement différencié par sa taille et sa forme, souvent en langue plus ou moins effrangée. Dans le cas de l’Orchis pourpre, il y a même une différence de couleur, puisque les deux pétales latéraux sont pourpres. Ils sont accolés au sépale médian, formant ainsi une sorte de casque. Pour ces questions de morphologie et de terminologie, nous ne pouvons ici que renvoyer aux ouvrages spécialisés, même grand public, comme le Guide des orchidées de France, de F. Dusak, P. Lebas et P. Pernot, paru en 2009 chez Belin.
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    « Le labelle évoque plus ou moins les bras et la robe d’une femme » (Wikipédia), comparaison heureuse.
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    Ce nom générique vient du fait que les racines (en fait des « tubercules » très amincis) évoquent une main largement ouverte.
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    Floraison : de mai à juillet.
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    Cauchemar poétique dont m’a souvent parlé mon ami Patrick Reumaux, auteur d’un récit-promenade (plus que savoureux) à la recherche d’orchidées : Chasses fragiles,un flâneur parmi les herbes, aux éditions Phébus, 1997.
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    Baptisé ainsi car on la confondait souvent avec d’autres espèces proches.
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    L’Orchis pyramidal possède de rarissimes formes blanches, formes que l’on chercherait en vain chez l’Orchis négligé.
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    Le leurre imitatif existe aussi dans quelques genres d’orchidées tropicales, où il atteint une sorte de perfection, puisque « plusieurs espèces [du genre Bulbophyllum] possèdent des labelles qui ne se contentent pas de se travestir en insectes mais qui simulent également leurs mouvements, se balançant doucement sur des pivots remarquablement équilibrés. » (Orchidées : de l’horticulture considérée comme un des beaux-arts, p. 71).
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    De mai à juillet au niveau national.
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    Nous écrivons le terme au singulier, car toutes les orchidées européennes possèdent à maturité sexuelle une seule étamine (exception : le Sabot de Vénus, qui en a deux)
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    Orchidées sauvages des Ardennes, des Savoies, du Var, du Vercors et d’Andalousie, 44 pl. couleurs, éditions SLB, Annecy, 2003.